30/07/2017

Antoine Saout, les WSOP, le fisc français

L'édition 2017 des World Series of Poker aura été historique pour le poker français, qui aura vu quatre de ses représentants réaliser un deep run au Main Event, et deux d'entre eux disputer la table finale. Benjamin MagicDeal Pollak a offert une superbe 3ème place à son sponsor BetClic.fr qui ne manquera pas de capitaliser sur cet ébouriffant résultat.

Antoine Saout et Benjamin Pollak

Mais la performance la plus incroyable revient au Morlaisien Antoine Saout, 5ème, qui réalise une deuxième table finale, huit ans après l'invraisemblable épopée qui l'avait vu terminer 3ème (pour un gain de $3.480.000)... et avoir cette-année là caressé de très près la possibilité d'une victoire. Un nouveau gain à 7 chiffres ($2.000.000) pour l'énigmatique et bourru Tonio_292, un an à peine après sa 25ème place dans le même tournoi, obtenue comme cette année sur un field d'environ 7000 joueurs.

Taquiné depuis plusieurs années par le fisc français, il semble que le gambler breton se soit installé en Angleterre afin d'échapper à l'impôt sur le revenu français. La décision de s'expatrier, logique du point de vue des joueurs, a été prise depuis bien longtemps par les principaux professionnels de poker de tournoi qui ont choisi, outre le Royaume-Uni, le Portugal, Malte et la Thailande comme destinations de prédilection.


On pourra une fois de plus disserter sur l'attitude du fisc français, qui continue encore en 2017 de cibler majoritairement les joueurs de tournoi live, en laissant toujours dans le même temps les professionnels de cash-game dans une relative tranquillité. Rétrospectivement, il serait toutefois malhonnête de critiquer sans nuance les tentatives de régulation du marché et de fiscalisation des joueurs entreprises depuis 2010. Si l'on doit légitimement s'indigner du manque de lisibilité de la doctrine fiscale en générale, et de l'aveuglement volontaire dont fait preuve le fisc en cherchant en particulier à imposer rétroactivement des joueurs manifestement perdants, il faut, pour comprendre ce zèle, se resituer dans la France du poker de 2005 à 2010.



Ainsi, Arnaud Mattern, invité le mois dernier du podcast de Radio Club Poker, a admis qu'avant la régulation du marché, les meilleurs joueurs (dont il faisait partie) réalisaient en moyenne un gain net supérieur à 100.000€... par mois en combinant leurs gains de cash-game et de sit'n'go sur le .com

Les fortunes constituées par l'élite du poker français durant cet âge d'or ne pouvaient que susciter une réaction de la puissance publique. En particulier lorsque ces fortunes se matérialisaient sous la forme d'appartements luxueux acquis en cash, de transferts bancaires à 7 chiffres, et de voiture tape-à-l’œil achetées sans recourir au crédit par des individus officiellement sans profession dans des sous-préfecture de province.

L'administration a réagi, dans sa force, son droit et sa brutalité.

01/01/2017

Exogène: (auto)biographie d'un gambler

Récemment paru sous pseudonyme, "Exogène" semble être le premier livre d'un prénommé Stéphane, originaire de Limoges. Présenté comme autobiographique, ce récit surprend autant par sa brièveté (à peine 100 pages) que par l'ampleur de la période couverte (50 ans de 1966 à 2016).


 
Si des éléments réels de la vie de l'auteur sont bien présents, on a le droit de douter de l'authenticité de l'intégralité des anecdotes et épisodes relatés. On peine en effet à croire sur parole ce personnage qui semble régulièrement victime de complots et de malveillances alors que la vie lui a pourtant appris à se tenir sur ses gardes. 

L'existence de l'auteur aura beaucoup tourné autour des jeux: d'abord le flipper, puis le billard, et enfin le poker avec comme point d'orgue une participation aux Championnats du Monde à Las Vegas. Ce récit constitue aussi l'opportunité pour lui de présenter sa philosophie toute personnelle de la vie, paradoxalement basée sur le décodage de signes et de symboles quand il se présente par ailleurs comme un stratège froid et rationnel.

L'écriture de ce livre non exempt de contradictions semble mue par une volonté farouche de prendre les autres à témoin, de pointer du doigt les néfastes et de se justifier.

Si le livre comporte des passages intéressants, de nombreux autres pêchent par qualité rédactionnelle, voire orthographique. On notera tout de même le bon travail de l'éditeur toulousain Les Editions du Mélibée, qui livre un produit de bonne facture.