08/07/2012

Que faut-il penser du Big One ?


Principale attraction des WSOP cette année, le tournoi Big One One Drop à 1 million de dollars de buy-in organisé par Guy Laliberté a fait couler beaucoup d´encre. Reprenons les différents arguments avancés par les défenseurs et les opposants à ce tournoi démesuré pour tenter de nous faire une opinion.

 
Aspect publicitaire : pour les WSOP, il est évident que ce tournoi représente une très belle vitrine, de nature à rebooster les audiences moroses du poker à la télé américaine. Les audiences du streaming live proposé sur Internet ont été exceptionnelles, et nul doute que le  grand public se passionnera pour les retransmissions à venir de cet évènement démesuré. D´un autre côté, il est clair que plusieurs joueurs récréatifs se sont inscrits au tournoi dans le but de flatter leur égo et/ou en espérant des retombées publicitaires, soit directement pour eux, soit à travers de leur activité professionnelle. Le meilleur exemple demeure celui d´Arnaud Mimran, riche entrepreneur français ayant rendu public très tôt sa participation à l´événement, attirant les media sur sa personne, avant de se décommander au dernier moment. 

Aspect caritatif : sur ce point, difficile de polémiquer. Le rake exorbitant de 11,11% prélevé sur les 48 joueurs enregistrés a généré une cagnotte de plus de 5 millions de dollars en faveur de l´association One Drop, qui initie et gère des projets autour de l´accès à l´eau potable des populations déshéritées en Afrique et en Amérique du Sud.

 Guy Laliberté, le fondateur du Cirque du Soleil

Ethique : est-il moral de proposer un spectacle basé sur la richesse de quelques privilégiés en ces temps de crise internationale ? Si cette question n´est pas illégitime, même en y regardant de près, on n´a pas vu de manifestation des syndicats de chômeurs du Nevada demandant l´annulation du tournoi, ni de vrai débats sur les forums spécialisés poker. Par contre, au niveau de la discipline poker en elle-même, est-il normal que le vainqueur et le runner-up d´un tournoi à 48 joueurs s´emparent de la tête de la All Time Money List ? Sans doute pas, mais ce tournoi ne pose-t-il pas tout simplement (avec encore plus d´acuité) le problème déjà soulevé par l´existence des high-rollers à $100.000 qui ont fleuri un peu partout en marge des gros tournois internationaux ? 

Intérêt sportif : il est très faible. D´abord, le field était relativement moyen en raison de la très forte participation (plus de 40% du field) de businessmen, ayant pour la plupart une approche peu technique du poker. Par ailleurs, tous les joueurs étaient sur-stackés probablement entre 80 et 90% en moyenne (point confirmé par Jason Mercier, Elky ou Phil Hellmuth, ce dernier ne détenant que 15% de ses actions !), ce qui a pour effet de réduire drastiquement la dramaturgie autour de ce tournoi. Il faut ajouter qu´un grand nombre de joueurs auraient été stackés par Guy Laliberté lui-même ! Enfin, tout ceux qui ont pu visionner le streaming témoignent d´une action particulièrement lente (de 10 à 20 mains jouées par heure), ce qui contribue encore à diminuer l´intérêt du tournoi, et le mérite de son vainqueur, Antonio Esfandiari.

 18 millions de dollars pour Antonio Esfandiari... enfin au moins 15%.

La conclusion ? Une initiative généreuse a donné lieu à un tournoi spectaculaire à l´intérêt sportif quasi-nul. Pas vraiment de quoi s´enthousiasmer, mais pas la fin du monde non plus.

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